Montres connectées et santé des seniors : un outil adapté ou un gadget ?

Les montres connectées se sont progressivement transformées en véritables outils de suivi médical. Cela s'explique par les nombreuses fonctionnalités, souvent issues de recherches approfondies dans le domaine de la santé numérique.

Quels paramètres peuvent-elles suivre ?

• Fréquence cardiaque : Les montres connectées comme celles d’Apple ou Fitbit offrent une surveillance en continu du rythme cardiaque. Les alertes en cas de tachycardie ou de bradycardie peuvent prévenir des événements cardiaques majeurs.
• Saturation en oxygène (SpO2) : Intéressant pour détecter des troubles respiratoires nocturnes comme l'apnée du sommeil ou un éventuel Covid long.
• Électrocardiogramme (ECG) : Certaines montres comme l’Apple Watch intègrent un ECG pour détecter des anomalies significatives, comme la fibrillation auriculaire.
• Détection des chutes : Une fonctionnalité obligatoire pour les seniors, présente sur des modèles tels que la Galaxy Watch de Samsung. En cas de chute, l’appareil alerte automatiquement un contact désigné.
• Suivi d’activité et du sommeil : Évaluer la qualité de sommeil ou détecter une baisse d'activité permet d’anticiper les problèmes médicaux ou une dégradation de l’autonomie.

Sur le papier, ces fonctionnalités sont incontestablement utiles pour les seniors, en particulier ceux en situation de fragilité. Mais encore faut-il qu'elles soient adaptées à leur usage quotidien.

Si les montres connectées regorgent de promesses, leur adoption n’est pas sans défis, notamment pour la population âgée. Ces défis se situent sur plusieurs plans : ergonomique, financier et technologique.

Une accessibilité souvent limitée

Les seniors ne sont pas toujours familiers avec les technologies modernes. Manipuler un écran tactile, installer une application tierce ou interpréter des résultats de santé complexes peut être source d'anxiété. À cela s’ajoutent des écrans parfois trop petits, rendant l’interaction difficile, surtout pour des personnes ayant une déficience visuelle.

Le coût : un frein important

Le prix d'une montre connectée de qualité reste élevé, avec des modèles phares dépassant allègrement les 300 euros. Pour les seniors qui perçoivent de petites retraites, cet investissement peut sembler hors d’atteinte, d’autant qu’il faut souvent y ajouter un smartphone compatible.

Autonomie limitée des batteries

Chargez une montre tous les 1 à 2 jours ? Pour les seniors particulièrement dépendants, cette contrainte est peu réaliste, surtout en cas d’oublis réguliers. Des oublis qui pourraient rendre inopérants certains systèmes essentiels comme l'alerte chute.

Face aux contraintes évoquées, certains fabricants se tournent désormais vers des modèles spécifiquement conçus pour le suivi des personnes âgées, combinant fonctionnalités essentielles et simplicité d'utilisation. Voici quelques options pertinentes :

• Assistance Vivago : Spécifique aux seniors, cette montre détecte automatiquement les anomalies comportementales (inactivité prolongée, chutes) et dispose d’une autonomie prolongée.
• Acticheck (Check My Heart) : Dédiée à la santé, elle offre un bouton d'alerte SOS accessible et une détection fiable des anomalies.
• Apple Watch (series avec détection de chutes) : Bien que généraliste, cette montre mise sur la précision de ses capteurs et peut convaincre un senior technologiquement à l’aise.

Si votre objectif est de concilier technologie et simplicité, veillez à prioriser des modèles disposant de grandes interfaces et des alertes intuitives. Enfin, l’ergonomie et la légèreté restent essentielles pour un port quotidien.

Les montres connectées ne doivent pas être envisagées comme des solutions isolées. Leur efficacité repose souvent sur un écosystème intégrant aussi les proches aidants ou le personnel de santé. Ainsi, des données collectées par la montre doivent pouvoir être partagées via des plateformes ou applications dédiées. Cela peut permettre aux professionnels de santé d'ajuster des traitements ou d’intervenir en amont.

Certaines solutions, comme les plateformes cloud de gestion résidentielle en EHPAD, intègrent déjà ce type de données issues de wearables. À titre d’exemple, un soignant peut identifier une baisse d'activité physique et envisager d’organiser une consultation.

Au vu des tendances en santé numérique, il est fort probable que les montres connectées se perfectionnent dans les années à venir. En attendant, leur adoption par les seniors doit être réfléchie, accompagnée d’une éducation adaptée et choisie en fonction des besoins réels de chacun.

Le potentiel est indéniable : réduction des hospitalisations, suivi plus réactif, maintien à domicile prolongé... Toutefois, pour que ces dispositifs se démocratisent réellement, des efforts devront encore être faits en matière de prix, d’ergonomie et d'interopérabilité avec les systèmes de santé existants. Les montres connectées deviendront probablement des alliées incontournables du parcours de soins des seniors, à condition de surmonter ces derniers verrouillages technologiques.