Garantir la sécurité des données des objets connectés en santé : bonnes pratiques et enjeux

27/06/2025

La confidentialité des données, un enjeu majeur à l’ère des objets connectés

Les objets connectés occupent désormais une place centrale dans le secteur de la santé. De la montre connectée qui surveille la fréquence cardiaque aux dispositifs médicaux collectant des données vitales en temps réel, ces technologies offrent des bénéfices indéniables aux patients, aux soignants et aux gestionnaires d'établissements. Or, cette révolution s'accompagne d'un défi majeur : la confidentialité des données collectées.

Les données issues des objets connectés concernent souvent des informations sensibles, comme les antécédents médicaux, les habitudes de vie ou encore des mesures biométriques. Par conséquent, une fuite ou un usage non autorisé de ces informations peut avoir des conséquences graves, tant pour les individus que pour les établissements de santé concernés. Alors, comment garantir que ces données restent confidentielles tout au long de leur cycle de vie ?

Comprendre les risques de sécurité associés aux objets connectés

Avant de mettre en œuvre des solutions concrètes, il est essentiel de comprendre les principales vulnérabilités associées aux objets connectés. Voici les risques les plus fréquents liés à ces dispositifs :

  • Les cyberattaques : Les objets connectés sont souvent la cible de piratages visant à voler ou manipuler les données. En 2022, 58 % des établissements de santé en Europe ont signalé une attaque numérique, faisant de ce secteur l’un des plus vulnérables (source : ENISA, Agence européenne pour la cybersécurité).
  • La faiblesse des protocoles de sécurité intégrés : De nombreux objets connectés n’intègrent pas par défaut des protocoles de chiffrement des données, rendant leur interception plus facile pour des acteurs malveillants.
  • Des vulnérabilités dans les réseaux : Les appareils se connectent souvent via des Wi-Fi ou des connexions Bluetooth insuffisamment protégés, augmentant les points d'entrée pour un potentiel piratage.
  • Une gestion inadéquate des autorisations : Les données collectées peuvent être partagées avec des tiers sans que l’utilisateur ou les responsables de l’établissement ne soient pleinement informés des accords passés.

Les piliers de la confidentialité des données connectées en santé

Pour renforcer la protection des données collectées par les objets connectés, il est impératif de s’appuyer sur une stratégie globale combinant technologies, réglementations et sensibilisation des utilisateurs. Voici les trois axes majeurs :

1. Implémenter des solutions techniques robustes

Les solutions techniques jouent un rôle clé pour minimiser les risques. Plusieurs mesures peuvent être adoptées :

  • Le chiffrement des données : Les données stockées ou transmises par l’objet connecté doivent être chiffrées de bout en bout, ce qui les rend illisibles en cas d'interception par un tiers.
  • Des mises à jour régulières : La plupart des attaques exploitent des failles connues dans les logiciels. S'assurer que les objets et leurs infrastructures reçoivent des mises à jour régulières est donc une priorité.
  • Le déploiement d’un réseau cloisonné : Pour limiter la propagation d’une attaque, les appareils connectés peuvent être placés sur un réseau séparé de celui utilisé pour d’autres services dans l’établissement.
  • L’authentification renforcée : Privilégier les connexions par double authentification ou biométrie peut réduire les risques d'accès non autorisé.

2. Respecter les réglementations en vigueur

Le cadre réglementaire est un socle indispensable pour assurer la confidentialité des données. En Europe, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) impose des règles strictes pour encadrer la collecte et le traitement des données personnelles. Quelques obligations clés à respecter :

  • Obtenir le consentement éclairé : L’utilisateur ou le résident concerné doit être pleinement informé du type de données collectées, de leur usage et des tiers auxquels elles pourraient être transmises.
  • Garantir le droit à l’oubli : Les utilisateurs doivent pouvoir demander l’effacement de leurs données à tout moment.
  • Réaliser une analyse d’impact : Lors de l’introduction d’un nouvel objet connecté, une évaluation doit être menée pour examiner les risques que sa mise en œuvre pourrait poser en matière de confidentialité.

Ces obligations ne sont pas seulement légales ; elles participent également à instaurer une relation de confiance avec les usagers et leurs familles.

3. Sensibiliser et former les utilisateurs

Enfin, une grande partie des risques peut être prévenue grâce à la sensibilisation. Trop souvent, les utilisateurs (soignants, patients, aidants) ne sont pas formés aux bonnes pratiques en matière de sécurité. Par exemple :

  • Éviter de connecter des objets sensibles à des réseaux publics non sécurisés.
  • Modifier les mots de passe par défaut des appareils dès leur réception.
  • Prendre le temps de lire les conditions générales des fournisseurs pour comprendre comment les données seront utilisées.

Former le personnel des établissements aux enjeux de la cybersécurité devient ainsi une nécessité absolue pour prévenir les incidents. Des initiatives comme celles menées par l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) en France proposent des ressources adaptées pour sensibiliser les professionnels de santé.

Les responsabilités des fabricants et des développeurs

Outre les établissement et utilisateurs, les fabricants d'objets connectés ont également leur part de responsabilité. Ils doivent concevoir des dispositifs dont la sécurité est intégrée dès les phases de développement. Le principe appelé « Privacy by Design », ou protection de la vie privée dès la conception, entend répondre à ces attentes :

  • Transparence : Fournir aux utilisateurs des informations claires sur les données collectées et leur usage.
  • Tests de sécurité : Soumettre les appareils à des audits réguliers pour identifier et corriger les failles potentielles.
  • Mises à jour automatiques : Offrir une continuité de service et garantir que les appareils restent sécurisés face aux nouvelles menaces.

Vers une approche collaborative pour une sécurité renforcée

Garantir la confidentialité des données des objets connectés exige une approche collaborative impliquant plusieurs parties prenantes : les fabricants, les gestionnaires des établissements, les soignants, et même les patients eux-mêmes. Chaque acteur doit jouer son rôle afin de mettre en place des mesures tangibles et durables.

Alors que l’utilisation des objets connectés en santé continue de croître, il est impératif d’intégrer la sécurité comme un pilier fondamental de leur déploiement. Bien loin d’être une contrainte, la confidentialité des données est un signal de qualité et de confiance qui renforcera l’adoption de nouvelles technologies utiles et bienveillantes.

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